Jurys de concours : l’éclairage du CAUE 76
Chaque année, collectivités et bailleurs sociaux sollicitent l’expertise indépendante du CAUE 76 pour leurs jurys de concours de maîtrise d’œuvre. Une autre façon d’accompagner les maîtres d’ouvrage et de débattre autour de choix d’aménagements durables.
« Il faut garder à l’esprit que le projet retenu va aboutir à la création d’un bâtiment qui sera là pour au moins 150 ans ». Gilles Pesquet, architecte conseiller au CAUE 76 rappelle souvent cette dimension temporelle quand il participe à un jury.
Avoir à l’esprit la longévité et le cycle de vie d’un bâtiment permet d’éclairer les décisions des élus. Le regard global de l’architecte est essentiel pour cet exercice.
Ainsi pour la construction de l’école Jean-de-la-Fontaine à Montivilliers, la commune
a fait appel au CAUE 76 dans son collège de personnes qualifiées. « Nous avions besoin de qualifications spécifiques pour apprécier les différents volets du projet : les usages intérieurs et extérieurs, la réalisation d’une cour OASIS et la transition écologique », explique Estelle Bourcier, Directrice Pôle Attractivité et Grands Projets de la commune.
Évaluer les candidatures et les offres
Lors de la première phase du jury, le CAUE 76 a contribué à l’évaluation des candidatures sur la base des critères de sélection fixés par la collectivité, tels que la pluridisciplinarité des équipes, nécessaire pour répondre aux différents enjeux d’une école.
Lors de la deuxième phase du jury, consistant à proposer un projet lauréat, le regard du CAUE 76 et des autres architectes a été utile pour répondre à des questions techniques et pour se projeter dans le fonctionnement du bâtiment.
Estelle Bourcier explique : « Ce n’est pas tous les jours qu’une collectivité construit une école ! Le CAUE nous a permis de vérifier l’adéquation des propositions avec nos attentes ». Cette attention particulière aux usages s’est notamment portée sur le fonctionnement de la cour végétalisée, dont la conception transformera les pratiques scolaires.
Débattre autour des choix techniques
Dans un contexte marqué par la hausse des coûts de la construction et l’évolution de la réglementation énergétique et environnementale, difficile de s’y retrouver pour une collectivité !
Au stade du concours, l’enjeu pour le CAUE est de mettre ses connaissances à disposition des élus, afin qu’ils puissent décider en connaissance de cause. Pour cette école, « nous avions des questions sur les apports solaires, mais l’architecte du CAUE nous a rassurés sur l’exposition du bâtiment, les débords de toiture, en précisant les notions de confort d’été et d’hiver. »
Autre sujet à débat, le bois en ossature ou en bardage qui est souvent victime de préjugés quant à sa pérennité. Les conseillers du CAUE essayent de lever les craintes des élus en rappelant l’utilisation traditionnelle de ce matériau de construction et en expliquant ses multiples qualités : « C’est un sujet récurrent pour lequel le CAUE et d’autres acteurs comme l’ARPE ou FIBOIS, jouent un rôle d’information : choix des essences, filières, mise en œuvre adaptée, patine naturelle… »

Un travail d’analyse et de sélection motivé
Les architectes aident également les membres du jury à interpréter les documents graphiques du projet, notamment les perspectives d’insertion dans le site. « Nous pouvons tous nous laisser séduire par des images de synthèse des projets, et ainsi avoir tendance à mettre en second plan les considérations d’ordre techniques, fonctionnelles ou d’insertion dans le site », explique Gilles Pesquet.
Sur la base de l’analyse de la commission technique, des échanges et différents avis
exprimés en séance, le jury doit enfin se prononcer sur le projet lauréat qui sera proposé au représentant de la collectivité. À ce stade, la vision globale du CAUE sur les projets est souvent appréciée pour prendre le recul nécessaire à un choix et motiver la décision du jury sur la base de critères objectifs.
LE CADRE DU JURY DE CONCOURS
- Pour les collectivités, le recours à l’architecte est obligatoire dès que le projet nécessite un permis de construire.
- Le marché de maîtrise d’œuvre est alors soumis à une procédure de mise en concurrence dont la forme varie en fonction du montant estimé de la prestation.
- La constitution d’un jury est obligatoire pour les marchés de maîtrise d’œuvre supérieurs à 144 000 € HT pour ceux de l’État et ses établissements publics et 221 000 € HT pour les collectivités territoriales.
- Le tiers des membres du jury doit être constitué d’un collège de personnes qualifiées ayant les mêmes qualifications que celles demandées aux équipes de maîtrise d’œuvre (architecte, paysagiste, etc .) ; c ’est dans ce cadre qu’interviennent les architectes conseillers du CAUE, aux côtés de confrères sollicités par le Conseil Régional de l’Ordre des Architectes (CROA) ou représentant la Mission Interministérielle pour la Qualité des Constructions Publiques (MIQCP).

L’école Jean de la Fontaine à Montivilliers : intégrée, fonctionnelle et écologique
L’ancienne école a été déconstruite pour faire place à une nouvelle construction qui regroupera deux écoles maternelles. Livraison prévue pour 2026-2027. Le projet se veut exemplaire :
- Une intégration optimale dans l’environnement, en tenant compte
des contraintes du site. - Une priorité donnée à la lumière et à la ventilation naturelles.
- Une écoconstruction intégrant une ossature et des persiennes bois, une toiture zinc, des murs isolés en paille et enduits à la chaux.
- Un espace dédié aux personnels, pensé en concertation.
- Une cour protégée avec une ombrière pour faire la classe en extérieur.
- Un jardinet pédagogique et un jardin d’ombre intégré au bâtiment offrant fraîcheur et verdure.